Développement économique, oui mais comment?

Publié le par le grain voyage

Grande foire « culturelle et touristique » à Bobo Dioulasso le week end dernier. Dans un immense espace public, pour la modeste somme de 100 FCFA, les Burkinabés se retrouvent en famille, entre amis, pour prendre un verre, grignoter sur le pouce des petites brochettes épicées, des frites de bananes plantain, de pomme de terre, ou des plats plus traditionnels, préparés dans de grosses marmites :  du riz sauce, amaranthe, choux

 

On se promène entre vendeurs de gadgets chinois, de casquettes et T shirts imprimés pour l'occasion, vendeurs ambulants de kleenex, de sacs décorés mais aussi de stands qui mettent en valeur les différentes initiatives économiques.   Des groupements de femmes exposent leurs productions, des sachets du fonio, du mil pilé, en passant par les carottes râpés séchés, les feuilles d'hibiscus en poudre pour la préparation du bissap, les biscuits de pain de singe. Une entreprise locale, présente ses briques de jus locaux, des producteurs de miel variés (karité, acacia), des producteurs de mangues séchées... On applaudit la variété, le dynamisme et nous ne serons pas les seuls puisque le ministre de la Culture s'est déplacé pour l'occasion, afin de remettre officiellement un prix à celui qui sera jugé le meilleur innovateur.

 

Ce qui semble le plus difficile pour ses producteurs et productrices, c'est l'écoulement de la production.  Pour l' exportation vers l' Europe, il faut respecter un cahier des charges précis, respecter des règles d' hygiène pour passer le cap des analyses micro biologiques, accorder un salaire correct aux ouvriers et ouvrières et bien sûr, trouver les clients.

Pour l' écoulement dans les marchés locaux, la clientèle n'est pas aisée à trouver. Des mangues séchées, pour qui, pour quoi? On en trouve partout et presque toute l' année.  Les céréales longtemps cultivées par les paysans (fonio, sorgho...) suite aux politiques de monocultures de l' arachide au Sénégal, du coton au Mali des années 1970's, ont été oubliées, mises de côté. Dans les villes, elles ne sont quasiment plus consommées, remplacées depuis quelques décennies déjà par le riz asiatique.  Outre la difficulté du changement d' habitudes alimentaires que représente la réintroduction de ces céréales déjà pilées,  prêtes à cuire,  quelle place pourraient-elles trouver au prix où se vend le riz vietnamien sur place (350 F CFA le kg)? (au Burkina, il semble que le riz local se vend 100F et qu'il est bien consommé)

 

Le problème est identique pour les tissus. Les motifs africains ont été copiés par les industries textiles asiatiques. Aujourd'hui, ce sont les tissus de Dubaï, de Chine, fabriqués pour la plupart avec du coton africain, qui se vendent pour 3000 -6000  FCFA les 3 pagnes selon la qualité, sur les marchés africains. Les bazins quant à eux, sont tissés en Hollande ou en Allemagne avec du coton africain, et repartent sur le continent pour être vendus et teintés sur place.

L 'industrie textile locale du Burkina pourtant existe. Elle a été reprise par des Indiens. Devant la concurrence, il ne lui reste que l'impression de motifs évènementiels pour la commémoration de tel personnalité, ou une campagne sur des thèmes variés ( SIDA, éducation, religion, élections locale...).

 

Ici, on apprend que les coûts de productions ne sont pas moindres étant donné dans un premier temps le coût de l'énergie, que ce soit le gaz, l'électricité ou le bois. Autre difficulté, la formation et la « productivité » de la main d'oeuvre.

Quel dommage quand nous voyons à quel point africains et africaines  sont attentifs à leur toilette et à leur cuisine !!!


Photos a venir!!!

Publié dans Débats et polémiques

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